Taxis contre VTC, un monopole corporatiste toujours à l’offensive

Lire l’interview de Yan Hascoet,

cofondateur et Pdg. de Chauffeur-Privé, secrétaire général de la FFTPR

Le décret obligeant les véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) à attendre un quart d’heure entre la commande du client abonné et sa prise en charge, est finalement suspendu. Mais les taxis n’ont pas dit leur dernier mot pour sanctionner ces concurrents d’un nouveau genre.

1. Identification du problème

En juin 2013, bien que les VTC n’aient pas le droit de prendre en charge des passagers à la volée, les taxis crient à la « concurrence déloyale » et réclament pour eux un délai d’attente de 15 minutes. La menace d’une nouvelle opération escargot met sous pression le gouvernement, qui cède à cette revendication. Attendu pour octobre 2013, le décret est finalement publié le 27 décembre 2013, et applicable dès le 1er janvier 2014.

Les taxis paient 230 000 euros de licence pour obtenir leur plaque et bénéficier du droit d’être hélés dans la rue, ce qui n’est pas le cas des voitures avec chauffeurs privés. Les deux activités n’étaient donc pas vraiment concurrentes : recevoir et traiter une commande au préalable prenait du temps et faisait grimper les prix, les publics visés étaient différents.

Mais la technologie a changé la donne. Grâce aux smartphones et aux tablettes, le délai entre la commande et la fin de course ne cesse de se réduire. Les clients abonnés aux VTC téléchargent l’application et peuvent, en effleurant leur écran, réserver, s’assurer de la disponibilité d’un véhicule, accepter le devis, commander la voiture, visualiser son approche en temps réel, se faire prélever automatiquement la course sur la carte bleue. Les Uber, SnapCar, LeCab, Club Chauffeur ou Chauffeur-Privé réalisent désormais plus de courses par jour avec des tarifs devenus compétitifs. Une bonne nouvelle pour les clients de villes comme Lyon, Marseille ou Paris – qui compte moins de trois taxis et VTC pour 1.000 habitants contre cinq à Berlin et onze à Londres.

Le délai de 15 minutes venait brider de nouveaux services bons à la fois pour les usagers et les chauffeurs, promettant la création nette de dizaines de milliers de nouveaux emplois peu qualifiés en région parisienne, sans compter les bénéfices induits pour l’hôtellerie et la restauration, la capitale devenant plus attrayante.

Le décret suspendu n’empêche pas les taxis de durcir leur position. Ayant manifesté les 10 janvier et 10 février 2014, ils exigent un délai de réservation de 30 minutes et des courses d’un montant de 60 euros à minima pour les VTC.

2. Saisine des pouvoirs publics

Les nouveaux arrivants sur le marché ont directement sollicité le Ministère de l’artisanat du commerce et du tourisme, le Ministère de l’intérieur, puis ont été reçus à Matignon, et enfin à l’Elysée. Ils ont été consultés par l’Autorité de la Concurrence lors de l’élaboration de son avis. Mais l’avis reste consultatif.

Le 13 janvier 2014, l’une des sociétés de VTC intente une action en justice devant le Conseil d’Etat contre le décret du 27 décembre, qui sera jugé dans neuf mois.

3. Instruction du dossier

L’Autorité de la concurrence avait déjà critiqué le décret en préparation, soulignant notamment que les radio-taxis fonctionnaient eux aussi sur réservation. Dans son avis consultatif du 20 décembre 2013, elle considère que le projet d’imposer ce délai de 15 minutes est une « distorsion de concurrence » par rapport aux taxis. Le régulateur souligne que cette nouvelle activité permet de répondre en partie à la pénurie de taxis à certaines heures de la journée, notamment en région parisienne. Cette obligation n’est donc « ni nécessaire ni proportionnée aux impératifs d’intérêt général qui sont poursuivis ».

Le 5 février 2014, le Conseil d’Etat, saisi en référé, donne raison aux VTC, voyant avant tout une fluidification de la circulation dans les grandes villes. Il suspend l’application du décret, ce qui déclenche l’ire de l’Intersyndicale des taxis.

La mission de concertation mise en place par le gouvernement, chargée de définir « les conditions durables d’une concurrence équilibrée », rendra ses conclusions en avril.

4. Décision ou avis

5. Suivi

Chauffeur-Privé, une aventure entrepreneuriale

Une aventure entrepreneuriale

Chauffeur-Privé est membre de la fédération française du transport de personnes sur réservation (FFTPR)

Fondée par Yann Hascoet en 2010, après plusieurs expériences professionnelles au sein du secteur Banque/Finances, la société Chauffeur-Privé réalise aujourd’hui 10% de croissance par semaine, totalise 85 000 clients avec 600 chauffeurs. Le chiffre d’affaires avoisine les 5 millions en 2013, et les espoirs de passer à 20 millions en 2014 sont bien réels.

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