Success Permis : l’argument sécuritaire au service du monopole des auto-écoles
Interview d’Alexandre Rebibo,
co-dirigeant de Success Permis, loueur de véhicules à double commande
Les loueurs de véhicules à double commande voient leur avenir menacé par une formation rendue obligatoire pour les accompagnateurs. Le lobbying des auto-écoles a porté ses fruits.
1. Identification du problème
En 2007, un décret a autorisé l’apprentissage de la conduite en candidat libre. La voiture devait posséder une double commande, l’apprenti avoir plus de 18 ans etl’accompagnateur être titulaire du permis depuis plus de 3 ans (puis 5 ans en 2010). Une décision qui a donné naissance à 200 sociétés de location de voitures à double commande. Mais l’essor a été stoppé par un arrêté datant du 16 juillet 2013, obligeant les accompagnateurs à une formation très poussée et très coûteuse, encouragée par le lobbying des auto-écoles et de leurs syndicats et motivée par un argument sécuritaire disproportionné, entaché de conflit d’intérêt. En effet, cet argument sécuritaire a été développé par le conseil national de l’éducation routière dont la moitié des membres sont syndiqués dans les auto-écoles !
Il ne reste aujourd’hui plus que 50 sociétés sur les 200 initiales. 500 emplois directs ont déjà disparu, et ce seront bientôt 1 000 emplois qui ne seront plus. En outre, l’offre, qui s’adressait aux jeunes et aux petites bourses, devient inintéressante avec ce coût ajouté, condamnant de fait cette activité.
2. Saisine des pouvoirs publics
Déjà, en 2010, la profession avait fait barrage à un premier texte devant le Conseil d’État. Ce texte, poussé par la délégation à la sécurité et la circulation routières (DSCR), stipulait que l’accompagnateur devait suivre une formation payante d’une durée de sept heures dans un centre agréé. Une formation valable un an et pour un seul apprenti. Les loueurs regroupés étaient parvenus à le faire annuler fin 2011. La filière s’est reconstituée à 200 sociétés, alors que les trois quarts avaient fermé boutique.
Mais cet arrêté de 2013 vient mettre un nouveau coup de frein à la filière. L’association « Défense permis banlieue » a réattaqué devant le Conseil d’Etat. L’exécution de cet arrêté a cette fois été seulement partiellement suspendue : seule la limitation à trois apprentis a disparu, car elle ne concernait pas la sécurité et était une simple exigence des auto-écoles.
Le bras-de-fer se poursuit pour que le Gouvernement envisage de revoir le cadre réglementaire de l’apprentissage du permis de conduire, en particulier dans la réforme à venir.
3. Instruction du dossier
4. Décision ou avis de l’Autorité de la Concurrence
5. Suivi
Success Permis
Créée en 2009, Success Permis compte 5 000 clients en Ile de France. Son chiffre d’affaires a augmenté de 20 à 35% par an. Le développement d’un réseau de franchise en Ile de France et en Province a été arrêté au vu du manque de visibilité réglementaire. Un véhicule génère 4 à 6 000 euros de CA par mois..